« (…) la grippe fait son grand retour ! Si vous n’êtes pas passé faire votre vaccin annuel, saisissez l’occasion au plus vite- » « ’Man ! T’as vu mes bottes ?! » « Oh chérie, ça fait déjà bien longtemps que je ne surveille plus tes affaires. Rappelle-toi où tu les as mises la dernière fois ! Tu trouves que ces boucles d’oreille vont ? » et la vie suivait son cours, immuable et imperturbable. Le petit poste de télévision continuait de crachoter des informations dans le vide, entouré d’oreilles sourdes. C’était un réflexe quotidien, d’allumer la télévision sur les informations avant de partir à l’école, ou de se lancer dans une longue journée de travail. Si quotidien que l’on ne l’écoutait plus. On n’écoutait plus le chaos qui pointait son nez. « - semble plutôt virulente cette année, avec déjà seize cas d’hospitalisation au cours du dernier mois ! » « Il est où papa ? » le plus jeune avait encore le nez plongé dans ses céréales, ses préoccupations bien loin des histoires des adultes. La simple main de sa mère se posant sur son épaule était un réconfort suffisant contre tous les affres du monde. « Il a dû partir travailler tôt ce matin mon cœur, il sera là ce soir, d’accord ? Allez va te préparer, on va être en retard ! » L’habituelle journée typique, l’heure qui file à toute allure. Et on avait déjà éteint la télévision, sans même avoir écouté.

minneapolis - trois semaines plus tard.
« Les récentes rumeurs colportées sur le web sont complètement infondées, et destinées à créer la panique au sein de notre communauté. Manifestement, les vidéos de témoins ayant vu des zombies ne sont que le résultat de blagues qui seront sévèrement punies. Nous retrouverons les auteurs de ces méfaits : mais pour l’heure, il est impossible de dresser un quelconque lien entre le récent incendie dans la zone industrielle, et ces histoires de disparition. Nous vous informerons des progrès de notre enquête au plus vite. Merci. » et le lieutenant de police quitta l’assemblée, tentant de conserver son visage neutre, tentant d’oublier les images cauchemardesques qui passaient et repassaient en boucle devant ses yeux. Cette façon dont cette grippe frappait sans crier gare, tuait plus rapidement que n’importe quelle maladie, et ramenait les morts à la vie. Personne ne pouvait savoir ; servir et protéger, telles étaient les priorités. Que seraient-ils, si l’ordre de la société devait s’écrouler ? La veille, ils avaient rassemblé tous les patients morts-vivants de l’hôpital, les enfermant dans un des locaux de la vieille zone industrielle, enflammant le tout, comme des criminels. Etaient-ils des criminels ? Servir et protéger. Il servait les vivants. Ceux qui ne pouvaient pas savoir ; ceux qui ne sauraient comment affronter la fin de l’humanité.